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Remise des médailles du Passeport du Civisme

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Vendredi 03 Juin 2022, les élèves de CM2 des écoles Gaston Ramon et Saint Maurice étaient présents sous les Halles pour clôturer le Passeport du Civisme. Ils et elles se sont vu remettre une médaille de bronze, d’argent ou d’or, en fonction d’une nombre d’actions citoyennes réalisées au cours de l’année.

La cérémonie s’est déroulée en présence de Mme Guillemette de Sairigné, fille du Lieutenant-colonel Gabriel de Sairigné, de Mr Maxence de Rugy, maire de Talmont Saint Hilaire et créateur du Passeport du Civisme, de Mr Christian Aimé, maire de Moutiers-les-Mauxfaits, et des élus de la commune.

Mme de Sairigné a fait un discours poignant sur son histoire, son parcours et les événements qui l’ont mené à devenir journaliste et écrivaine.

 

Je veux d’abord exprimer ma reconnaissance à M. le Maire des Moutiers-les-Mauxfaits, Christian Aimé, d’avoir pensé à moi pour cette remise des passeports du civisme, la suite d’un lien ancien entre nos familles, du temps ou votre père, Léon Aimé, était maire des Moutiers. Reconnaissance aussi à Olivier Coutansais, son premier adjoint, qui a eu la gentillesse de m’amener jusqu’ici. Mon admiration enfin pour M. Maxence de Rugy pour cette magnifique initiative du passeport du civisme qui est en train de connaître un beau succès au-delà des limites de la Vendée. 

 

Sous ces Halles, j’ai parlé plus d’une fois et mon émotion est toujours la même. Pour moi, les Moutiers les Mauxfaits, le berceau de ma famille, représentent tant de choses. C’est là qu’est né mon grand-père, au château de la Cantaudière, là où j’ai passé beaucoup de mes vacances d’enfant avec mes 21 cousins germains à la Rialière, la maison construite par mon arrière grand-mère. Là où mes parents sont tous deux enterrés. Là où depuis octobre 2002, sous l’oeil bienveillant du maire d’alors, M. Gérard Commailleau, a été érigée une statue de mon père, l’occasion d’une cérémonie magique avec plus d’une centaine de porte-drapeaux, une cérémonie qui a frappé l’imagination de vos parents. De mon père, on reparlera, mais bon, c’est un fait Je suis la FILLE de la STATUE ! Par contre, je ne peux me prétendre être une vraie moutierroise comme l’est ma sœur Catherine, née à la Rialière, donc à la maison comme ça se faisait dans le temps. 

Si j’ai bien compris, l’idée est aujourd’hui d’illustrer l’appel qui vous est lancé à une attitude de citoyen responsable par un PARCOURS de VIE. Cela m’intimide un peu car mes engagements à moi sont modestes, je ne me suis jamais lancée dans la vie publique, je n’ai jamais eu d’engagement politique, je n’ai guère eu de grands mandats associatifs, ni été une militante écologiste. Quand on fait comme moi le métier d’écrire, on est une toujours assez solitaire, largement compensé par famille nombreuse. Mais chacun s’engage à sa manière, je vais essayer de vous dire comment moi j’ai compris mon engagement au service de mon pays.

 

Pour moi, tout part d’abord de cette phrase « Il faut savoir d’où l’ON VIENT pour savoir où l’ON VA ». Je crois à l’absolue nécessité d’avoir des modèles. Pour nous enfants des années cinquante et soixante, la préhistoire pour vous, il y avait des exemples qui valaient pour tous, Jeanne d’Arc, le chevalier Bayard, Henri de la Rochejaquelein, le chef vendéen . Mais surtout, ma soeur et moi disposions d’un MODÈLE À DOMICILE, un héros rien qu’à nous, notre père, Gabriel de Sairigné, l’un des premiers officiers à avoir suivi le général de Gaulle pendant la Seconde Guerre mondiale, un homme qui avait tout pour lui, , beau, courageux, porteur de belles qualités morales et spirituelles, Il n’avait que 35 ans quand il est tombé en Indochine à la tête de son régiment de Légion étrangère, il était alors le plus jeune chef de corps qu’ait compté la Légion. J’avais alors 9 mois, ma sœur n’était pas encore née. Nous étions toutes deux, j’en étais très fières, PUPILLES de la NATION, Papa étant mort pour la France ( c’est aujourd’hui le cas pour les enfants de victimes du terrorisme). J’ai trouvé formidable que l’on vous invite à suivre les CÉRÉMONIES PATRIOTIQUES, moi je sais combien certaines ont compté pour moi, les DÉFILÉS bien sûr du 14 juillet sur les Champs Elysées où nous attendions nos chers képis blancs, les derniers à défiler à cause de leur pas plus lent, les prises d’armes dans la belle cour d’honneur des INVALIDES, les 18 juin au Mémorial du MONT VALÉRIEN pour fêter l’Appel du Général de Gaulle en présence du président de la République où a tour de rôle Catherine et moi montions à la tribune, portant la croix de la libération de notre père. Et puis, tout particulièrement, ce jour où, devant le FORT de VINCENNES, un général de la Légion m’a remis la Croix de Commandeur de la Légion d’honneur décernée à mon père juste avant sa mort, je me vois encore avec mes deux nattes, j’avais à peine plus que votre âge.. Et cet autre jour où à l’École militaire de COETQUIDANC, nous avons assisté au baptême de la promotion de Saint Cyr qui avait choisi de prendre le nom de notre père, Promotion Gabriel Brunet de Sairigné. 

Et puis, un jour, on ne peut pas se contenter d’admirer, il faut à son tour entrer dans l’action, être un adulte et un citoyen responsable il est temps d’agir en adulte et en citoyen responsable. Chacun le fait comme il peut. Moi, j’étais JOURNALISTE, j’interviewais beaucoup de gens célèbres (de Johnny Hallyday à Soeur Emmanuelle, d’Yves Saint Laurent à Céline Dion) mais j’essayais se donner la parole à des gens bien, des gens qui vous donnent de l’espoir, vous permettent d’aller de l’avant. Pas un journalisme négatif, grinçant… Productrice à la télévision, j’ai travaillé dans le même esprit, positif, pas grinçant. A partager des émotions, à faire du bien aux gens. J’avais eu une grande TRISTESSE dans ma vie, j’ai écrit un livre sur le mal, la souffrance , quelqu’un m’a dit qu’il devrait être remboursé par la sécurité sociale, ça a été mon plus beau compliment. Un jour, je me suis enfin décidée à écrire sur ce père glorieux, que je connaissais pas vraiment, ce n’était pas seulement remplir ce devoir dont on doit vous parler souvent, cette enquête, j’avais besoin de la faire, de rendre vie à mon « ILLUSTRE INCONNU » comme je l’ai appelé. De faire descendre la statue de son socle. Dans la foulée de ce livre, l’ARMÉE que je connaissais en fin de compte assez mal m’a d’une certaine manière réadoptée. Et je me suis retrouvée à écrire d’autres biographies de grandes figures de la Légion étrangère, on m’a demandé d’entrer au conseil des Anciens de la Légion étrangère, une vraie famille où on ne laisse jamais tomber ses aînés, j’ai rejoint le jury littéraire qui chaque année remet un prix au livre qui défend le mieux les valeurs de l’Armée française – généralement je me retrouvais la SEULE FEMME dans ces assemblées, disons que c’est ma façon de défendre les valeurs féminines! Rapprocher le monde militaire du monde civil, c’est peut être mon combat à moi. On m’a remis des médailles, première classe d’honneur de la Légion étrangère, chevalier de la Légion d’honneur, j’ai vite compris que ce genre de distinctions était avant tout une invitation à faire mieux et plus. 

Avant de finir, je vais vous raconter une histoire. Celle d’Hubert, un jeune homme de 19 ans. Il est élève en classes préparatoires aux grandes écoles au lycée de Bordeaux, il s’apprête à passer le concours qui lui ouvrira les portes de Saint Cyr ou de l’Ecole navale. On est à la mi-juin 1940, l’armée allemande a envahi la France, le gouvernement français vient de reconnaître sa défaite. Cinq minutes se sont écoulées, le grand jeune homme n’a toujours pas écrit une ligne. Soudain, il se lève et remet au surveillant une copie blanche , en lançant au pion interloqué: « Je pars faire la guerre ». A la réflexion, ça n’a pas de sens pour Hubert de devenir officier français sous la botte allemande. Jubert va se débrouiller pour gagner Londres avec des copains, il s’enrôlera sous la bannière du de Gaulle, sera sur tous les champs de bataille. Il a 20 ans quand de Gaulle le fait COMPAGNON de la LIBÉRATION, comme le général Koenig, le grand chef à Bir Hakeim, comme Sairigné, Hubert Germain est mort en octobre dernier à 101 ans, il était le dernier survivant des 1038 Compagnons de la Libération. Le 11 novembre, il a eu droit à des funérailles nationales. 

 

C’est à lui que je voudrais dédier cette remise des passeports du civisme. A lui pour qui il était essentiel d’entretenir chez les jeunes, par tous les moyens, le sens de la Patrie, l’amour de la France, de sorte que jamais ne s’éteigne cette flamme de la Résistance qu’il avait entretenue avec ses camarades au péril de leur vie. Je pense que, grâce à la démarche qu’on vous a fait faire vous êtes, vous, les enfants des Moutiers, particulièrement bien armés. 

    Choisissez des modèles en replongeant dans l’histoire de vos familles, de votre pays, pas seulement des joueurs de foot. N’ayez pas peur de faire des choix, de tracer une ligne qui soit la vôtre.

Dans le sable du désert on est fichue si l’on se fie uniquement aux traces laissées par les autres. C’est pourquoi il nous faut notre propre boussole.
Hubert Germain